1.
Révélations

 

Le 4 mai 1978

 

Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai aidé maman à tracer un cercle de protection autour de Belwicket. Un jour, mon tour viendra d’être grande prêtresse. On vient déjà me demander des sortilèges et des potions alors que je n’ai que seize ans ! Maman, qui est la sorcière la plus puissante de Belwicket, pense que j’ai hérité de la vision des Riordan, et de leur pouvoir, comme ma grand-mère. Et qu’un jour ma propre puissance dépassera la sienne.

Et tout ça pour quoi ? Soigner des moutons et fertiliser des champs ? La belle affaire.

Trop de questions se bousculent dans ma tête. Pourquoi est-ce que j’aurais un tel pouvoir ? Moi, je serais capable de soulever des montagnes ? Je n’y comprends rien. D’après le Livre des Ombres de ma grand-mère, notre magye ne doit être utilisée qu’ici, au village, loin de l’agitation des grandes villes. Je ne sais pas si c’est vrai… Je devrais faire confiance à la Déesse, elle a peut-être besoin de moi. Mais pour accomplir quoi ?

 

Bradhadair

 

 

* * *

 

 

Bradhadair, « la flammèche » en gaélique. Pendant un instant, ce mot a voleté devant mes yeux comme un insecte noir.

Comment aurais-je pu résister ? Depuis que j’avais découvert la vérité – que j’avais été adoptée, que ma vraie mère, une puissante sorcière, avait été brûlée vive –, mille questions me tourmentaient. Et je venais de mettre la main sur son Livre des Ombres, le journal intime dans lequel elle notait ses sortilèges, ses pensées et ses rêves. Dans ces pages, j’étais certaine de trouver les réponses qui me manquaient. J’avais beau me sentir coupable, inconsciemment, j’ai serré le livre un peu plus fort.

— Morgan, a repris Cal, qu’est-ce que tu fais là ? Je t’ai cherchée partout.

— Je suis désolée, ai-je répondu sans savoir comment me tirer d’affaire. En fait…

— Les autres sont partis au ciné. Je leur ai dit qu’on les rattraperait, mais maintenant c’est trop tard.

— Je suis vraiment désolée, je voulais juste…

La mère de Cal s’est avancée d’un pas et, pour la première fois, j’ai vu son beau visage, si semblable à celui de son fils, se crisper.

— Morgan, ici, c’est mon sanctuaire. Personne à part moi n’a le droit d’y pénétrer.

J’étais morte de peur. Malgré sa voix posée, je sentais sa colère contenue. Je me suis levée et j’ai refermé le livre.

— Je… je sais que je ne devrais pas être là et je ne voulais pas me montrer indiscrète. Je me suis cognée contre la porte et elle s’est ouverte toute seule. C’est la vérité. Et, quand j’ai vu tous ces livres, je n’ai pas pu m’empêcher d’entrer. C’est la bibliothèque la plus incroyable que j’aie jamais…

J’ai été incapable de finir ma phrase. Selene et Cal m’observaient. Leurs visages ne trahissaient aucune émotion, ce qui me rendait encore plus nerveuse. Si je ne leur avais pas menti, je n’avais pas tout dit non plus. Je m’étais retrouvée là en essayant d’éviter Sky et Hunter. Je ne savais pas pourquoi, mais les deux invités de Selene venus d’Angleterre me flanquaient une peur bleue.

Voilà, j’étais arrivée dans la bibliothèque par hasard et je n’avais donc rien à me reprocher. Et puis, moi aussi, j’attendais une explication.

— Et vous, comment se fait-il que vous ayez le Livre des Ombres de Maeve Riordan ? ai-je lancé. Pourquoi vous ne m’en avez pas parlé ? Vous ne vous êtes pas dit que ça pourrait m’intéresser ?

Cal, l’air surpris, s’est tourné vers sa mère. Avant de répondre, Selene a refermé la porte de la chambre secrète.

— Je sais bien que tu cherches des informations sur ta mère, a-t-elle expliqué d’une voix plus calme. As-tu trouvé quelque chose de déroutant dans ce journal ?

— « Déroutant » ? Non, pas vraiment. Mais je n’ai lu que quelques pages…

— Morgan, un Livre des Ombres est un objet très personnel. On peut y découvrir des secrets, des vérités étonnantes. Je ne voulais pas t’en parler tout de suite parce que je sais ce qu’il contient et que je n’étais pas sûre que tu sois prête. Et, aujourd’hui encore, je pense qu’il est trop tôt.

Peu à peu, la colère a remplacé la culpabilité et la nervosité.

— Ce n’est pas à vous d’en décider, ai-je rétorqué. C’était quand même ma mère ! Son Livre des Ombres me revient, à moi. C’est la règle. D’ailleurs, comment l’avez-vous récupéré ?

— Par hasard, a répondu Selene, un sourire fugace sur les lèvres. Mais, bien sûr, la plupart des sorcières ne croient pas au hasard. Pour tout te dire, je collectionne les Livres des Ombres et, comme tu as pu le remarquer, les ouvrages qui traitent de sorcellerie en général. Les Livres des Ombres me fascinent car, grâce à eux, on entrevoit le côté humain de notre art. Ces journaux et ces comptes rendus d’expériences en disent long sur leurs auteurs. J’en ai plus de deux cents, maintenant, et celui de ta mère n’est que l’un d’eux.

Peu convaincue par ses explications, j’ai attendu en vain qu’elle développe. Elle commençait vraiment à m’énerver. Comment pouvait-elle ne pas comprendre que, pour moi, le livre de Maeve n’était pas n’importe quel Livre des Ombres ? J’enrageais à l’idée qu’elle s’était permis de lire le journal de ma mère. À ce moment-là, Cal est venu vers moi et a posé la main sur mon épaule, comme pour me dire qu’il était de mon côté. Qu’il me comprenait.

— Où l’avez-vous trouvé exactement ? ai-je repris, déterminée à en apprendre davantage.

— Chez un libraire de Manhattan, il y a dix ou onze ans. Je l’ai acheté sans l’ouvrir, et j’ai découvert plus tard qu’il appartenait jadis à la jeune sorcière qui avait péri dans les flammes, non loin d’ici. C’est un Livre des Ombres spécial, tu sais.

— Je vais l’emporter chez moi, ai-je déclaré, surprise par ma propre audace.

Long silence. Mon cœur s’est remis à palpiter. Je m’étonnais moi-même : depuis quand avais-je autant de culot ? Je ne m’étais jamais opposée à la mère de Cal. D’ailleurs, je tenais rarement tête aux adultes… Pourtant, là, je défiais une puissante sorcière !

Le regard de Cal allait et venait entre elle et moi.

— Évidemment, ma chérie, a-t-elle fini par dire. Il est à toi.

Ouf ! J’avais eu chaud.

— Dès que Cal m’a raconté ton histoire, j’ai su que je te le donnerais… un jour. Quand tu l’auras fini, n’hésite pas à venir me voir si tu as des questions ou des soucis.

— Merci, ai-je marmonné avant de me tourner vers Cal. En fait, j’ai surtout envie de rentrer chez moi, maintenant.

— Pas de problème, m’a-t-il répondu. Je te ramène.

Selene s’est écartée pour nous laisser passer, cependant, elle n’est pas sortie du bureau. Elle voulait sûrement vérifier que je n’avais touché à rien d’autre. Je la comprenais, sans regretter mon geste : à présent, je possédais le journal de ma mère. L’histoire de sa vie, écrite de sa propre main. Quels que soient les mystères qu’il contenait, je savais que j’étais prête à les découvrir. Il le fallait.

Dehors, le vent d’automne a plaqué mes cheveux sur mon visage. Je les ai dégagés d’un geste, puis je suis montée dans la voiture de Cal, le Livre des Ombres coincé sous mon manteau, tout contre moi.

Cal a pivoté vers moi et m’a caressé la joue : sa main était chaude contre ma peau transie.

— Ça va ? m’a-t-il demandé.

J’ai hoché la tête, sans en être vraiment certaine. Sa tendresse n’y changeait rien : je n’arrêtais pas de penser à ce livre mystérieux, et la scène avec sa mère m’avait chamboulée.

— Je suis vraiment entrée par hasard, ai-je répété tandis qu’il s’engageait sur la route. Je n’essayais pas de fouiner dans les affaires de ta mère.

— En réalité, la porte est fermée par un sort, m’a-t-il expliqué, l’air pensif. Quand je veux prendre un bouquin dans la bibliothèque, je dois demander la permission à ma mère, comme un gosse. Je n’ai jamais réussi à entrer par moi-même. Et, tu peux me croire, ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Son sourire a scintillé dans la nuit.

— C’est dingue ! ai-je lancé. Je ne l’avais même pas vue, cette porte, elle s’est dérobée d’un coup et j’ai failli me retrouver par terre !

Cal n’a pas émis de commentaire. Soit il se concentrait sur la route, soit il réfléchissait. Il devait se demander si je m’étais servie de mes pouvoirs, mais je n’avais vraiment rien fait. Ou alors, malgré moi. C’était peut-être le destin : il fallait que j’entre dans ce bureau pour trouver le livre de ma mère. C’était écrit.

J’avais hâte d’arriver et de me replonger dans ma lecture. Sans savoir pourquoi, j’ai soudain pensé à Sky et Hunter. D’entrée de jeu, tout chez ces deux-là m’avait énervée : leurs regards perçants, le snobisme de leurs manières, la façon dont ils nous observaient, Cal et moi.

Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi ils me semblaient si importants. Je ne les connaissais même pas. J’avais déjà vu Sky une fois au cimetière, quelques jours plus tôt, avec Raven et Bree. Mais Hunter… Impossible de dire ce qui me déplaisait chez lui. Lorsque Cal s’est arrêté devant chez moi, j’y pensais encore.

— Tes parents sont là ?

J’ai fait oui de la tête.

— Ça va aller ? Tu veux que je reste un peu ?

— Non, c’est bon, lui ai-je répondu, même si j’étais contente qu’il le propose.

— Comme tu veux. En tout cas, je serai chez moi toute la soirée, alors n’hésite pas à m’appeler.

Avant de nous séparer, nous nous sommes embrassés longuement. La douceur de l’instant a chassé pour quelques secondes la confusion et les doutes qui m’assaillaient. À contrecœur, j’ai fini par sortir de la voiture.

— Merci, Cal. Je t’appellerai.

— Ça marche.

Il m’a souri et a attendu que je sois rentrée pour partir.

 

* * *

 

— Salut, tout le monde, ai-je lancé en pénétrant dans la maison.

Mes parents regardaient un film dans le salon.

— Déjà ? a fait ma mère, les yeux levés vers la pendule.

— Ben ouais, on a raté la séance. Bon, si vous me cherchez, je suis en haut.

Une fois dans ma chambre, j’ai laissé tomber mon manteau par terre et me suis affalée sur mon lit. J’ai sorti un magazine, Scientific American, pour cacher le Livre des Ombres si mes parents ou ma sœur ouvraient soudain la porte. Nous étions parvenus à une espèce de trêve fragile et je ne voulais pas tout gâcher. Je ne voulais pas les blesser.

Les mains tremblantes, j’ai ouvert le livre de ma mère et repris ma lecture.

L'éveil
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